Quantique et Géobiologie
Article publié sous une première version, dans le magazine ‘Le Chou Brave’ Numéro 38 de décembre 2021
La géobiologie est-elle une discipline ‘quantique’ et comment pouvons-nous en juger ? Quels sont les ponts théoriques et expérimentaux qui peuvent relier ces deux champs de connaissance, à première vue sans points communs évidents ? En quoi la question de cette association sémantique et conceptuelle apporte-t-elle un éclairage nouveau sur l’un ou l’autre de ces domaines ? Quelles sont les nouvelles portes de la connaissance de notre environnement que cette convergence peut nous permettre d’imaginer, et peut-être de découvrir ?
Et tout d’abord, de quoi parlons-nous précisément ?
‘La’ ou ‘les’ géobiologies ?
Géo-bio-logie : étymologiquement, étude des liens entre la Vie et la Terre.
En fait, le terme ‘géobiologie’ recouvre deux acceptions. La première et la plus académique, est la géobiologie scientifique et universitaire, branche moderne de la paléontologie (première moitié du XXème siècle) qui étudie les interactions entre la structure géophysique de notre globe et sa biosphère, au fil des différentes périodes géologiques.
La deuxième dont nous allons parler ici, si elle peut sembler partager des notions communes avec son homonyme scientifique, est cependant bien différente dans ce qu’elle est, ses objectifs et ses méthodes. Cette deuxième acception est elle aussi moderne, contemporaine de la première (XXème siècle), et recouvre sous un terme générique, nombre d’approches et de pratiques sensiblement différentes.
La géobiologie des lieux
Cette géobiologie est en réalité un ensemble d’arts traditionnels qui plonge ses racines dans de nombreuses, sinon toutes les civilisations humaines, depuis la nuit des temps. A l’origine et encore en partie de nos jours, elle est directement reliée aux dimensions ‘sacrées’ de la vie, à des croyances et pratiques religieuses ou spirituelles, explorant les interconnexions entre les trames matérielles et immatérielles de notre monde. Au fond, l’Homme a toujours considéré sur des bases intuitives, empiriques et finalement longuement éprouvées, l’importance fondamentale du lieu, de son emplacement, sa forme, ses orientations, ainsi que des profondes résonances visibles et invisibles qui s’y créaient avec les différentes formes de vie y prenant place.
La géobiologie est essentiellement dans son sens moderne, l’art de trouver les bons emplacements et d’y mettre en œuvre les bonnes pratiques pour préserver la Vie dans sa pleine intégrité. La notion de ‘place’ est donc centrale, mais elle se joue à plusieurs niveaux : c’est prosaïquement l’endroit où je vais mettre mon lit, mais c’est aussi la façon dont je me situe dans mon environnement, qu’il soit physique ou subtil, ainsi que le type de connexions que j’entretiens avec lui.
Précisons enfin que derrière les deux acceptions évoquées, il y a deux ‘mondes’ qui malheureusement souvent s’ignorent ou se méprisent. L’académisme scientifique considère que l’art de la géobiologie n’est au mieux qu’une pseudoscience et au pire du charlatanisme, les deux considérations étant très proches. Quant aux géobiologues des lieux, presque tous ignorent tout simplement que la géobiologie scientifique existe par ailleurs depuis près d’un siècle, certains pouvant même entretenir à cet égard une certaine confusion.
L’art moderne de la géobiologie
Depuis quelques décennies, l’émergence en force des problématiques environnementales locales et globales, ainsi qu’une certaine remise en cause de la doxa scientifique et technique héritée de la révolution des Lumières, ont fait progressivement sortir la géobiologie ‘du bois’. En parallèle de pratiques traditionnelles basées sur une approche spiritualiste et animiste des énergies de la nature, remises en lumière et au goût du jour avec l’élan des différents courants du ‘New-Age’, s’est développée une géobiologie plus ‘technique’. Cherchant sa légitimité à travers l’adoption de discours, de méthodes, d’outils et de domaines d’application se réclamant du champ scientifique et technique contemporain, cette dernière semble avoir accentuer une polarisation des approches de la géobiologie ; pour caricaturer : l’Esprit versus la Technique.
En réalité, cette tension n’est que superficielle et reste liée à l’image extérieure que tel pratiquant ou tel formateur cherche à promouvoir, la stratégie qu’il a choisie pour développer de manière souvent exclusive, sa propre vision et ses propres pratiques. Quelle que soit l’origine, naturelle ou artificielle, des perturbations géobiologiques explorées, dans le fond et dans les faits, les champs se superposent largement et les points communs sont bien plus importants que les différences.
Partant de cette constatation, est en train de se créer une approche intégrative plus complète et plus assumée de l’art de la géobiologie, qui ne considère pas que l’une des voies exclurait l’autre par principe ; l’approche est donc ‘dialogique’ dans le sens que lui donne Edgar Morin, où deux logiques différentes peuvent s’articuler sans s’exclure.
Sur un autre plan plus ‘expérimental’, en physique quantique, c’est lorsqu’une particule élémentaire peut témoigner simultanément de deux états différents, ou bien la lumière avoir un comportement ondulatoire ou particulaire selon la méthode d’observation… ; déjà peut-être une première piste où des modes de connaissance nous dirigent vers une géobiologie que l’on pourrait considérer comme ‘quantique’, sous certains aspects…
Le monde ‘quantique’
‘Quantique’ : à la base, adjectif qui caractérise une branche des sciences exactes de la matière, qui étudie le comportement des particules subatomiques pour en tirer un ensemble de constatations et de postulats révolutionnaires, qui continuent de heurter le sens commun et d’interroger, même un siècle après sa naissance. Il s’agit donc de l’exploration de l’intimité la plus profonde de la matière et de l’énergie, de ce qui nous compose, nous-même ainsi que tout ce qui nous entoure.
L’aventure de la physique quantique est une épopée fascinante qui, sur une période relativement brève (la première moitié du XXème siècle), a conduit les sciences physiques de la machine à vapeur à la bombe atomique. Elle a mobilisé un petit nombre de physiciens et mathématiciens pionniers, qui ont bouleversé à la fois notre monde, mais aussi la façon dont nous pouvions le voir. C’est le physicien allemand Max Planck qui sera amené à proposer en 1900 la notion de ‘Quanta’ pour expliquer la circulation discontinue par ‘petits paquets’ de l’énergie, et indirectement suggérer l’existence des atomes évoquée par Démocrite en Grèce, quelques vingt-cinq siècles avant lui. Au début du XXème siècle, il héritera avec Albert Einstein et Niels Bohr de la paternité de la physique quantique.
Comme tout ce qui nous compose et nous entoure est constitué de particules, d’atomes puis de molécules, au fond, tout est ‘quantique’… Pourquoi donc plus ceci que cela ? En fait les technologies utilisant le comportement quantique de la matière (le laser, la phosphorescence, le microscope à effet tunnel, etc.) n’affichent pas la précision de cet adjectif. Pour ce qui va au-delà de la stricte technique, c’est le domaine de la frontière floue entre physique et métaphysique, ambiguïté inhérente aux découvertes mêmes de cette physique de l’infiniment petit radicalement différente de celle de Newton, cette dernière restant a priori et jusqu’à aujourd’hui, celle de notre échelle humaine.
Des connaissances perdues et retrouvées
La géobiologie n’est pas un nouvel ‘art magique’, mais elle est l’héritière de dizaines de siècles d’observation et d’empirisme, d’époques où physique et métaphysique étaient encore un seul et même champ. Elle est avant tout expérimentale et opérative par nature. Sa visée est pragmatique, basée sur l’atteinte de résultats concrets : il s’agit de soustraire des êtres vivants, d’influences négatives provenant de leur environnement, et d’utiliser avec profit pour des raisons profanes ou sacrées, celles pouvant être considérées comme bénéfiques.
Il semblerait bien qu’en partie, les principes décrits par la mécanique quantique comme notamment la dualité onde-corpuscule, la superposition quantique, l’intrication quantique, la non-localité, la quantification ou bien encore le vide quantique, évoquent en filigrane et de manière troublante, des concepts, croyances et pratiques traditionnelles de l’art, qui ont traversé les plus anciennes civilisations humaines, comme une sorte de reconnexion circulaire de la connaissance.
Le géobiologue est en prise directe avec la matière et l’énergie qui l’entourent et le constituent. Il doit en constater autant que possible de façon objective et reproductible, les actions sur l’intégrité des êtres vivants, puis pouvoir mettre au point selon le même mode, des méthodes de protection ou de renforcement efficaces. Mais le ‘monde’ dans lequel évolue le géobiologue est plus probabiliste que déterministe, tout comme celui que décrit la physique quantique, notamment celle de la voie ouverte par ‘l’Ecole de Copenhague’, au début du siècle dernier. Peut-on imaginer qu’un jour il sera découvert que la radiesthésie (l’un des outils du géobiologue, honnie par la science moderne) n’est en fait qu’une déclinaison qui s’ignore, de la mécanique quantique ?…
Bref, le géobiologue sait depuis toujours que seule la densité sépare la matière de l’énergie, et que l’information portée par l’énergie peut prendre des caractéristiques et des modes de circulation qui sortent du cadre de la physique moderne pré-quantique. Ces pistes commencent d’ailleurs à être explorées ‘scientifiquement’ par certains, et pourront peut-être à terme, être l’objet d’une autre révolution (post-quantique) de nos connaissances.
Vers une géobiologie ‘quantique’ ?
Dans son environnement actuel, le géobiologue évalue l’exposition aux phénomènes électromagnétiques notamment artificiels, lorsqu’il détecte et mesure une exposition à des champs basses ou hautes fréquences. Même si les conclusions qu’il en tire restent soumises à polémique avec les technosciences, il sait que les ondes électromagnétiques sont portées par des quantas que l’on appelle ‘photons’ et qui sont collectivement porteurs d’informations non neutres. Les résonances et perturbations qui s’établissent entre ces phénomènes et les organismes biologiques qui y sont soumis, sont forcément en partie quantiques au niveau atomique, pour le moins… La détection de rayonnements ionisants délétères issus du manteau terrestre le met également en résonance avec des phénomènes de nature subatomique. Le comportement des réseaux de rayonnements naturels dits ‘telluriques’ qui échappent encore quasi-totalement aux technologies d’investigation de la science physique actuelle, montre également de nombreux indices qui indiqueraient des mécanismes d’intrication et de non-localité étrangers aux lois de la physique classique.
Le géobiologue est aussi amené sur un autre plan à investiguer des phénomènes invisibles plus subtils, comme la ‘mémoire des murs’, connue depuis les temps les plus anciens, mais décriée par le cartésianisme et le scientisme dominants de notre époque. Chaque pratiquant expérimenté peut constater à quel point ces phénomènes pourtant bien réels semblent échapper à la structure spatio-temporelle habituelle, celle qui nous est donnée à appréhender avec nos sens physiques et notre ‘cerveau gauche’, et enracinée par notre éducation. Ici aussi, a minima, l’apparence non-locale et intriquée de ces phénomènes dessine des voies ramenant à l’intimité de la matière.
Par ces différents aspects, on peut considérer que la géobiologie est une discipline ‘quantique’, non parce qu’elle serait un avatar ou un outil de la science éponyme, mais parce qu’elle explore les conséquences sur notre environnement et donc sur nous-même, de phénomènes qui le sont. La géobiologie est quantique, non parce qu’elle est moderne, mais au contraire parce qu’elle est héritière d’une expérimentation humaine multiséculaire qui avait déjà exprimé par d’autres voies et sous d’autres formes, les troublants messages révélés par les explorateurs contemporains de l’infiniment petit. Sur ce plan, il s’agit donc d’un cycle de connaissance qui semblent s’achever par un retour sur lui-même, ouvrant des perspectives passionnantes pour le nouveau cycle qui se met en place.
Nous sommes à bien des égards sur le pas d’une porte, peut-être au seuil d’un ‘saut quantique’. Sans pouvoir avoir bien entendu une idée précise de ce que nous allons trouver derrière, notre intuition nous porte à croire que nous découvrirons que les liens qui nous relient à notre environnement – et aux autres êtres avec qui nous le partageons – sont encore plus denses et intriqués que ce que nous pensions, que de nouvelles trames se révèleront au grand jour, reliant dans un continuum dévoilé, l’infiniment petit avec l’infiniment grand ; et qu’au fond ce qui sépare de nos jours l’art de la science, n’est peut-être aussi qu’une question conjoncturelle et transitoire de ‘densité’…