« L’exposome »
Chainon manquant entre pathogénèse et salutogénèse ?
Carnets de science – La revue du CNRS – #13 Automne-Hiver 2022 – Notre corps face à son environnement
Dans son article, Léa Galanopoulo se penche sur l’actualité de la notion d’exposome, dans le champ de la recherche scientifique et médicale sur l’origine des maladies, la pathogénèse.
L’exposome comme impact de l’environnement sur la santé, tout au long de la vie
Basé sur les travaux au début des années 2000, de l’épidémiologiste britannique Christopher Wild, actuellement directeur du CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer), le concept holistique d’exposome définit la somme et synergies des expositions à diverses sources externes et internes, que subit tout au long de sa vie un organisme humain, de sa conception à sa fin de vie, en passant par le développement in utero, et complétant l’effet du génome.
Plus précisément, selon la définition du docteur Wild lui-même, l’exposome représente « la totalité des expositions auxquelles un individu est soumis de la conception à la mort. C’est une représentation complexe et dynamique des expositions auxquelles une personne est sujette tout au long de sa vie, intégrant l’environnement chimique, microbiologique, physique, récréatif, médicamenteux, le style de vie, l’alimentation, ainsi que les infections… ».
Mobilisant massivement la recherche biomédicale pendant de nombreuses années, l’exploration des origines génétiques des maladies humaines se trouvent peut-être en butée de son propre modèle, le quasi-consensus considérant maintenant que les 2/3 environ des maladies non transmissibles chez l’être humain trouveraient une origine dans l’environnement.
L’exposome, une perspective à la fois récente et ancienne
Depuis les années 2010, des projets scientifiques européens et américains se sont lancés dans le défi très ambitieux de baliser des recherches dans ce domaine, en fédérant plusieurs champs spécifiques, de la toxicologie à l’épidémiologie, en passant par l’écologie et les sciences sociales.
Comme le mentionne Léa Galanopoulo, la perspective n’est pourtant pas récente, puisque le père de la médecine moderne, Hippocrate de Cos invitait déjà à « considérer d’abord les saisons, connaître la qualité des eaux, des vents, étudier les divers états du sol et le genre de vie des habitants… ».
L’environnement envisagé scientifiquement comme clé de la santé globale
Dans ses travaux sur la fondation du concept de salutogénèse (non pas la recherche des causes de la maladie, mais celles du bien-être et de la santé), le sociologue Aaron Antonovsky place l’être humain au centre de son environnement et définit sa qualité de vie à travers la « cohérence » des liens qu’il entretient avec celui-ci, à différents niveaux.
Bref, l’influence globale et spécifique de l’environnement sur la qualité de vie, telle que l’envisage également la géobiologie professionnelle…
Dans le champ de l’avancée de la recherche scientifique moderne, l’impact de l’environnement apparait donc de nos jours, de plus en plus comme un facteur déterminant et majeur, à la fois de la qualité de vie, de la santé, mais également de son altération.
Une réflexion passionnante à mener à et suivre, qui projette une nouvelle lumière sur les enjeux de la géobiologie professionnelle…